Choisir à quoi apporter notre contribution ! Souvent ça part d’un élan personnel avant toute considération pragmatique !
BE agris est une plateforme de ressources et d’échange. Vous y trouverez des réflexions et des outils pour se développer personnellement et professionnellement dans le but de se sentir mieux au quotidien à la ferme et dans sa vie de famille. L’objectif est aussi de réussir à surmonter les épreuves et faire face aux difficultés.
Pourquoi lancer le projet BE Agris ?
Premièrement, je me dois d’être complètement honnête avec vous.
D’une part, je ne suis pas hypermoderne et pas très machine, autant vous dire que je n’y connais rien en tracteur GPS certes qui permet précision et amélioration des conditions de travail mais ça me passe au-dessus la tête. Mon truc à moi, c’est l’humain, sa psychologie, ses talents comme ses imperfections, ces comportements le plus souvent irrationnels, son mode de fonctionnement dans un groupe.
D’autre part, si j’ai décidé de lancer l’aventure BE Agris, c’est d’abord pour moi.
Je m’explique.
Mon premier moteur d’action ressemble à un mélange entre ce qui me fait vibrer à l’intérieur, ce dans quoi je me sens à l’aise dans l’exécution et ce qui me donne envie de me lever le matin. Est-ce un luxe ? Non, je dirai que c’est plutôt une possibilité que j’ai, alors autant en faire quelque chose qui au passage pourrait être utile à d’autres…
Et j’espère que de votre côté vous ne faites pas les choses uniquement pour les autres car c’est le début des problèmes qui arrivent ! Nous aurons l’occasion d’en reparler.
Deuxièmement, si vous vous dites “mais pour qui elle se prend celle-là, à prendre la parole alors que personne ne lui a rien demandé, en plus elle n’est même pas agricultrice !”
Oui vous avez raison, je me prends pour quelqu’un qui a des choses à transmettre : une vision, un regard décalé, des connaissances…Est-ce que cela va être pertinent et utile ? Si je le fais, c’est que je le pense mais parfois on peut se tromper ! Vous me tiendrez au courant si je fais fausse route, n’est-ce pas ?
Effectivement je ne suis pas agricultrice, mais en plus de transmettre des outils pour se sentir mieux au quotidien, une partie du projet consiste à tendre le micro aux agriculteurs(trices) pour faire entendre leur voix, pour témoigner, pour inspirer…
Aussi, grâce à notre cerveau, nous avons des capacités comme, l’empathie, l’analyse et la réflexivité que je vais mobiliser un maximum pour faire de mon mieux.
Est-ce un gage de qualité assuré ? Je n’en sais rien, mais dans tous les cas, je m’engage à faire les choses avec sincérité et sérieux ( enfin pas trop quand même ) ! Encore une fois vous me direz ! 😉
Troisièmement, si vous attendez des réponses toutes faites ou binaires de type : “c’est bien, c’est mal”, ou “voilà la recette miracle à appliquer”, je préfère vous le dire toute de suite, vous allez être déçus.
Nous allons aborder des thèmes sensibles et complexes comme le mal-être, les tensions sociales et personnelles et à la complexité il n’y a pas de réponses simples !
Par contre, de par mes rencontres, mes recherches et mes connaissances, j’espère transmettre des outils d’analyses pour permettre à chacun de se faire son idée, d’y voir plus clair pour se sentir mieux.
Ceci étant dit, nous pouvons partir sur des bases saines.
Comme je le disais au début, c’est d’abord pour moi.
Tout d’abord, pour soulager mes frustrations face à des situations dont j’ai été témoin en travaillant avec les agriculteurs. La frustration est une émotion et les émotions sont porteuses de message pour nous mettent en mouvement.
Faire taire l’émotion et la refouler, ( ce qui est souvent préconisé dans notre société, nous y reviendrons) c’est tuer la richesse du message qu’elle nous transmet.
Décortiquons le message que le sentiment de frustration transmet, ça pourra aussi vous aider au quotidien.
La frustration est une réponse émotionnelle liée à la tristesse et la colère. La tristesse, nous informe que quelque chose se termine et la colère que nos valeurs ne sont pas respectées. Nous ressentons de l’injustice.
La frustration survient souvent lorsque le résultat que nous espérons, n’est pas atteint. Nous nous sentons coincés. C’est aussi la question des moyens pour atteindre les objectifs qui est soulevée. Sont-ils adaptés ? N’y a-t-il pas d’autres choix envisageables ?
Nous pourrions nous arrêter ici à la tristesse et se dire : “c’est fini, nous ne pouvons rien faire.” Parfois c’est une réponse adaptée mais dans ce cas, pas pour moi.
C’est là, que la colère arrive. Et si la colère témoignait qu’il y a encore de l’espoir ? N’est-il pas encore possible de faire différemment ? Avons-nous vraiment exploré et imaginé toutes les solutions ?
Revenons à mes expériences qui ont généré de la frustration.
J’ai été sensible à l’isolement et au sentiment d’impuissance de beaucoup d’agriculteurs rencontrés dans mon parcours. Le contexte politique, social et économique déstabilise et met à mal toute une profession. Avec pour conséquence, la perte de sens du métier, le sentiment d’incompréhension dans un monde incertain, complexe et qui semble joué d’avance.
J’ai été aussi en colère, je l’avoue, même si j’ai des clefs d’analyse pour comprendre les mécanismes psychologiques et sociaux qui se cachent derrière de telles réactions, contre certains qui restent campés dans leurs croyances et qui s’en prennent à ceux qui tentent de nouvelles choses pour vivre leur métier autrement.
Pour témoin, les jugements, les généralités et les dévalorisations qui sont présents sur les réseaux sociaux entre agriculteurs, les uns étant convaincus d’avoir raison, les autres étant certains d’avoir la bonne et l’unique solution.
Ne vous méprenez pas, le tableau n’est pas si sombre, le penser pourrait nous servir d’excuse pour ne pas agir ! En effet, j’ai côtoyé la richesse humaine des parcours, des visions, des approches du métier malgré les difficultés, qui ne sont pas assez mis en avant dans les médias, pas assez valorisés et peu transmis à la jeune génération en manque de motivation et de confiance en l’avenir.
Dépasser la frustration en passant à l’action
Alors, OUI, le contexte agricole est tendu. OUI le métier connaît des bouleversements qui déstabilisent !
“Oui mais” face aux poids du contexte, n’y a-t-il pas des espaces de liberté à construire ? Pour envisager d’autres possibilités, pour prendre le temps de comprendre, de se remettre en question sans jugement, pour analyser puis se regrouper collectivement et faire face aux défis à relever ? Ok, facile à dire pour quelqu’un qui ne vit pas de cette activité !
Mais objectivement quel secteur de la société aujourd’hui n’est pas touché par ces tensions et ces questionnements ? Alors allons-y ! Nous n’avons plus le choix.
Alors qu’est-ce que BE Agris propose ?
Un espace bienveillant d’écoute et d’échange, où il est possible de trouver des ressources pour se sentir mieux au quotidien et pour faire face aux difficultés. ATTENTION ! PAS DE RECETTES MIRACLES !
Concrètement, il y a des ressources en psychologie, en développement personnel, en sociologie, des podcasts, vidéo, interviews et des témoignages pour s’inspirer et ne plus avoir l’impression d’être seul à vivre les difficultés. Nous organiserons aussi des rencontres virtuelles et physiques.
Vous allez me dire ! Qu’est-ce que je vais y gagner à lire, comprendre, écouter, me questionner, échanger, parler alors que mes problèmes eux, sont bel et bien concrets ?
Je crois profondément que dans un monde complexe et incertain, il soit indispensable de s’outiller pour décrypter les changements en cours, pour comprendre ses difficultés et être en capacité de nouer des relations solides en cas de coup dur.
Pourquoi indispensable ? Parce que tout va plus vite, parce que nous sommes à un tournant sociétal et que les agriculteurs sont en premières lignes.
La tendance est plutôt à monter les gens les uns contre les autres, alors tentons de nous rassembler autour de réflexions communes qui mèneront à des actions collectives, je lance les paris !
À retenir
Faire les choses pour soi qui peut avoir du sens pour les autres et les aider
Concepts clés
Colère // Frustration // Espoir
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Marie Godard
Je travaille dans le milieu agricole depuis 10 ans après une reconversion professionnelle. Avant de mettre les bottes dans le milieu agricole, j’étais salariée dans l’animation, le social et la communication. Avec des études de sociologie et des formations en accompagnement, en coaching, l’humain a toujours été le centre de mes préoccupations.